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Jean-Luc Votquenne, Vers l'Avenir,
27 septembre 2000, Supplément "Taxi, page 6
L'Article

 

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Internet français admis

L'anglais domine sur Internet. Au point de supplanter la langue de Molière ? Non, Dieu merci ! Le français se maintient. Mieux : il grappille de nouvelles positions. Grâce à tous ceux qui luttent pour le défendre.

Aujourd'hui, c'est la fête de la Communauté française de Belgique. Une bonne occasion de s'intéresser à la communauté francophone qui, sur Internet, "résiste encore et toujours" à l'envahisseur anglo-américain. Quelle place occupe notre langue sur la toile ? Est-elle en régression ou en progrès ? Qui se soucie de la défendre et comment ? Les réponses à ces questions semblent plutôt encourageantes.

 

Sur le web, 75 % des pages sont en anglais et 3,75 % en français

On a longtemps craint que l'anglais - celui de la Silicon Valley - l'emporte un jour sur les autres langues? N'a-t-il pas produit le jargon informatique adopté sans sourciller par la plupart des internautes (et avec enthousiasme par tous les "créatifs" publicitaires) ? Eh bien non ! Certes, l'anglais domine outrageusement sur le réseau des réseaux. On parle de 75 % de l'ensemble des pages du web, contre seulement 3,75 % de pages en français. Mais ces statistiques ne sont guère valables, par rapport à une situation qui ne cesse d'évoluer.

"Honnêtement, grâce aux efforts déployés dans la plupart des pays francophones, la situation ne paraît pas mauvaise. En regard d'un total incommensurable de pages, 3,75 %, c'est déjà énorme. Et je crois bien qu'on va au-delà de ce pourcentage aujourd'hui. D'autres langues que le français s'imposent également : dans certaines régions des Etats-Unis, l'espagnol est au coude à coude avec l'anglais..."

Marie-Anne Delahaut, qui tient ces propos roboratifs, est adjointe à la direction de l'Institut Destrée et administratrice déléguée du Chapitre Wallonie de l'Internet Society. "L'Internet Society (ISOC) a été fondée par les créateurs d'Internet eux-mêmes, explique-t-elle. Dans le souci de favoriser l'accès de ce merveilleux outil de communication et de culture à tous, même aux pays les plus défavorisés, même aux gens les plus démunis. Et cela, avec des objectifs d'éducation, de citoyenneté, de démocratie, de défense des Droits de l'Homme. Ils ont alors fait appel à des internautes bénévoles et motivés pour créer des relais locaux, les "chapitres", dans toutes les régions du monde."

Chez nous, le Chapitre Wallonie (www.wallonie-isoc.org) a vu le jour le premier, en 1998, avant son homologue flamand et un "Chapitre Belgium" développé en anglais par des fonctionnaires européens. Marie-Anne Delahaut assure que la collaboration est parfaite, et que les trois chapitres belges s'associeront d'ailleurs pour la Fête de l'Internet, au printemps 2001. Très bonne collaboration aussi avec divers organismes de défense de la francophonie et, cela va sans dire, avec les services de la Communauté française de Belgique.

Quant aux chapitres français et canadien de l'ISOC, ils ont participé aux premières rencontres organisées en juin dernier à Namur. Au cours de celles-ci, le ministre-président Jean-Claude Van Cauwenberghe a plaidé avec vigueur pour un Internet français admis. "Il apparaît nécessaire de s'interroger sur les impasses auxquelles peuvent conduire, pour les langues et cultures minoritaires, le modèle actuellement dominant de l'Internet, marqué par l'omniprésence de la langue anglaise, déclara-t-il. Il en va du devenir et de la diversité de la pensée européenne dans ce qu'elle a de plus précieux : la pluralité des normes et des formes, la communion des héritages et de la mémoire, la recherche de l'égalité au-delà des divergences, l'élan vers un avenir commun modelé par les hommes et non par les machines."

 

"La Francité" est une sorte d'anneau du savoir francophone

Ces rencontres namuroises ont eu un prolongement concret : la création du portail "La Francité". Pour Marie-Anne Delahaut, "cette initiative s'inscrit dans l'un des objectifs fondamentaux du Chapitre Wallonie. Un objectif particulièrement cher à son président Jacques Berleur, recteur honoraire des Facultés Notre-Dame de la Paix, à savoir la défense et la promotion de la langue et de la culture françaises. C'est un portail gratuit et dépourvu de publicité (www.lafrancite.org), avec de nombreux liens vers des sites et des organismes, une sorte d'anneau du savoir francophone".

L'action du Chapitre Wallonie - qui travaille aussi à faire connaître notre région aux internautes du monde entier et à favoriser le développement de l'enseignement à distance - sera prochainement relayée par le Win wallon auprès des cyberécoles.

Jean-Luc VOTQUENNE

Babillardage

Défendre un Internet "français admis", c'est encore partager l'attribution des noms de domaines, naguère gérée par les seuls Américains.

C'est surtout adapter en français le jargon de la toile. Le "Service de la langue" de la Communauté française de Belgique y travaille. On lui doit notamment babillardage pour chat, souriard, mimique ou émoticon pour smiley :-), visualiseur ou feuilleteur pour browser, récupérer pour download, hypertoile pour web ou encore localisateur pour URL.

Les Québécois vont plus loin, sans doute parce qu'ils sont soumis à une très forte pression anglophone. Retenons par exemple binette pour smiley :-(, commerciel pour e-commerce, courriel pour e-mail, estafilade pour slash et contre-estafilade pour backslash, butineur et fureteur pour browser, ouaibe pour web, ouaibemestre pour webmaster, rustine pour patch, mise à niveau pour upgrade, etc.

Belges et Québécois se rejoignent sur d'autres traductions. Evidentes, comme en ligne pour online, forum pour newsgroup, fournisseur d'accès pour provider, foire aux questions pour FAQ. Ou plus originale quand il s'agit de recommander "tel écran-tel écrit" pour remplacer l'abominable WYSIWYG, abréviation de what you see is what you get.

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jeudi 10 octobre 2013